Dans mille ans
entre nos mains le galet rugueux de la vie et nos malentendus et nos heurts
Mais moi je ne sentirai que ta paume au vent guide et protecteur
Dans mille ans
cloués que nous serons à nos pieds qui nous pèsent et nos jambes qui nous tombent et nos mémoires qui s’enfuient et s’embrument
Mais moi, je ne comprendrai dans l’oubli que la douceur d’encore pouvoir te contempler même si je ne te reconnais
Dans mille ans
entre nos yeux bleu pâle abîmés des illusions perdues nous devinant l’un l’autre plutôt que de s’au-revoir
Mais moi je coulerai dans notre aveuglement, regard usé et passé du lac dans lequel sans pudeur je me baignais
Dans mille ans
entre nos corps décharnés et blafards, os cassés, cassants et tous nos tremblements, te chercher sans te trouver
Mais moi je ne toucherai que ton désir et cette joie en toi de me posséder
Dans mille ans
entre nos cœurs affaiblis battement trop incertain de langueur, la détresse, l’usure de mots et tabous
Mais moi je compterai sans jamais décompter ce soubresaut trouble de vie regain d’un printemps enchanteur puis été fleuri à jamais gravé
Dans mille ans
dans le mille feuilles de nos presque reproches, dans le silence du geste lent qui parle encore du nous, sonnant le glas de supporter cette habitude
Mais moi je ne verrai en chaque instant que l’alchimie possible du créer, et oser
Dans mille ans
lorsque encore debout une dernière fois ensemble nous trébucherons, souhaitant égoïstement que l’autre demeure un petit rien, qu’un instant subtil, au delà du soi , oh oui pitié rien qu’un instant de plus pour ne pas vivre le seul
Mais moi, je me reprendrai, me ressaisirai pour t’offrir cet ultime et réussir à ne pas t’abandonner
Dans mille ans
Dans le fouillis de nos vie et nos aller et nos trente-six retours, nos vrais et nos semblants, nos vraies fuites et nos pas de tangos, nos trompe-la-mort, nos plus tout à fait envies
Mais moi je danserai encore la mélopée lancinante de notre jeunesse et je sourirai, oui je sourirai….
Dans mille ans
lorsque nous réclamerons de l’air comme l’oiseau son vol, appel lancinant où nous nous languirons
mais moi je ne me déploierai que pour mieux revenir
je ne me souviendrai que de nos douces folies et nos joies enfantines et ton rire égrené en perles de triomphe
Dans mille ans subsistera juste ce bref instant illusoire de fusion, et c’est cela qu’en toi toujours je retrouverai
Crédit photo : Image par S. Hermann & F. Richter de Pixabay
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