HERITAGE
Ma grand-mère m’avait toujours dit, tu auras ma collection, mais seulement après ma mort, et je ne suis pas pressée petite !
C’est ainsi qu’à 102 ans, mémée s’éteignit, papa pleura, maman souffla et moi j’héritais
de « la collection ».
A passé 60 ans à vrai dire je n’y pensais plus…..et que d’émotions à cette promesse tenue sur le papier jauni du notaire.
La collection, tout cela dans une petite maison en rangée typique du nord et jamais trop loin d’une usine textile. consistait en une cinquantaine de pièces type paysages sous la neige, une seule comme plus jeune me fascinait……
C’était un drakkar à la houppe conquérante……
combien de rêves et de cauchemars il me fit vivre…….
Les grands clacs des rames menées tambour battant, secouaient la mer, et Hans, grand blond, fort, se balançait sur la plateforme…..
De ce bateau je revivais les conquêtes, là le tombereau d’alcool pour le repos du guerrier, était-ce ce drakkar arrivé jusque presque Tournai ? Est-ce lui qui avait remonté l’Escaut dans un silence de morts ?
Et là, où s’asseyait le tailleur de pierre qui allait faire le dolmen, nos dolmen…..
J’entends les voix rauques des prières aux dieux du vivant, au soleil, à la lune, aux elfes, aux êtres de la forêt…..
où est Asgar, Thor, Odin…..
et là…..
quid de cette corde, amarre ?
Quid de la descente aux enfers de ces fiers guerriers…….
là comme oubliée, ma boule de neige…..
Alors je la contemple, ose à peine la toucher, l’effleurer, à l’envers ?, oui, faire tomber la neige, recouvrir tout ce paysage du manteau blanc que j’aime tant…..
Par avance, chaque flocon , comme un tourbillon oui, je le savourerai violemment pour créer une tempête comme celle de mes souvenirs d’enfance……et je regarderai ébahie, la neige se poser et m’étourdir……..
C’était toujours à ce moment, qu’arrivait le chocolat chaud, et la banane écrasée au spéculoos……
Je viens de reposer la boule, sur le guéridon usagé et pourtant adoré…..
j’ai peur de retourner cette boule, et si le chocolat ne venait pas, plus, plus jamais……
et la banane au spéculoos, est-ce que la mort me l’aura volée aussi ?……
alors je suis là maintenant avec ce tout de mon enfance, désabusée……dans ce paysage trop connu au papier vert fleuri fané, le tapis rapé à la place du chien qui non plus, n’est plus……
là bas, oui, la Calas, il me faudra bien cela pour retourner mon drakkar……
la voix est pure et s’élève enfin, à chaque instant j’attends une silhouette fine et cependant trapue, se traînant un peu mais sans plus, voulant se tenir droit comme un i et montrant un sourire intrépide de vie……
j’inspirais, tendais la main enfin j’osais…….
et oh surprise
sur le fond de la boule de neige……..
« Je t’aime petite, je savais que tu la retournerais ! »
Mémée
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